Transformation digitale des PME : Entre résistance et résilience !
Transformation digitale des PME : Les Petites et Moyennes Entreprises (PME) ont traversé la crise sanitaire en vivant des réalités différentes. Pourtant, un constat commun est admis : le digital a été l’un des leviers qui leur a permis d’affronter l’adversité voire d’accélérer leur croissance. Ils témoignent :
- Laurent Benhamou
Directeur Financier Saveurs et vie, entreprise spécialisée dans le portage repas à domicile - Lalée Pinoncély
Fondatrice d’Adopte, plateforme de la transformation éco-numérique des entreprises - Sabrina Djekkam
Partner Key account manager pour Sage
On a beaucoup lu que la crise sanitaire avait joué un rôle de catalyseur de la transformation digitale des PME. L’avez-vous constaté vous-même sur le terrain dans le cadre de vos activités ?
Sabrina Djekkam : Le contexte sanitaire a amené les petites et moyennes entreprises à repenser entièrement leurs méthodes de travail et leur transformation digitale pour assurer la continuité de leur activité. Adoption du télétravail, digitalisation des interactions, migration vers le Cloud, la transformation s’est indéniablement accélérée. Notre ressenti, sur le terrain, c’est que les PME françaises ont gagné 24 à 36 mois sur leur projet de digitalisation. Le numérique s’est clairement imposé comme un allié indispensable et ce, quel que soit le secteur d’activité.
Laurent Benhamou : La période a été brutale à deux titres. D’abord, nous avons dû adopter le télétravail en quelques jours. Mais, dès le confinement, nous avons connu un pic d’activité et les demandes ont doublé. Malgré 3 mois de confinement, nous avons enregistré près de 40 % de croissance en 2020. Cela a impacté tous nos processus financiers. Parce que nous avions amorcé notre digitalisation, nous avons amorti le choc. Nos outils internes nous permettaient de travailler à distance, mais nous ne pouvions pas continuer comme ça. C’est pourquoi nous avons investi et nous nous sommes dotés des modules Sage Recouvrement Créances et Sage Automatisation Comptable (dématérialisation des factures fournisseurs) afin d’automatiser un grand nombre de tâches. “Grâce” au Covid, nous avons appris et compris qu’il fallait exploiter l’intelligence et les compétences humaines en les soulageant de tout ce qui peut être fait par le numérique. Le digital permet de concilier impératifs de rentabilité, exigence de résultats, bien-être au travail et rétention des collaborateurs.
Lalée Pinoncély : Je rejoins Sabrina et Laurent. Ce que je constate, c’est que désormais, il n’y a plus besoin d’argumenter pour convaincre les PME de l’intérêt de la digitalisation. En 2019, Adopte le Digital faisait acte de sensibilisation. Aujourd’hui, même si une certaine inertie va demeurer, la prise de conscience est générale : la digitalisation est une nécessité. Les chefs d’entreprise sont en attente de solutions concrètes, opérationnelles. L’autre élément à retenir, c’est aussi le développement des cyberattaques. Il faut donc expliquer aux dirigeants que le Cloud est l’un des leviers pour se protéger de cette menace. Le développement du Cloud que soulignait Sabrina, m’apparaît comme une bonne nouvelle. Le digital est une promesse de continuité des process. C’est le grand enseignement tiré de la crise…
Transformation digitale des PME : Quelles ont été les principales difficultés auxquelles vous ayez eu à faire face durant cette longue et éprouvante année 2020 et qu’en avez-vous appris, ou retenu sur le plan de vos usages digitaux ?
Laurent Benhamou : Face à toute transformation, il y a un phénomène de résistance au changement. Certaines personnes ont peur. Peur de s’adapter, peur de perdre leur emploi… En expliquant, en formant, il est possible de lever ces freins. Mais le numérique oblige certains métiers à se repenser. C’est le cas du comptable fournisseur par exemple qui est devenu un gestionnaire de flux d’informations. L’enjeu pour l’entreprise c’est de faire admettre ces mutations en démontrant les atouts, les aspects positifs. En 2020, la grande difficulté pour le responsable financier que je suis, c’est le relatif manque d’outils de prévisions. Face aux incertitudes que nous avons traversées… et celles qui nous attendent malheureusement, prévoir et réagir est au cœur des enjeux.
Sabrina Djekkam : En tant qu’éditeur, nous avons dû multiplier les initiatives pour renforcer la proximité avec nos clients et nos partenaires. Notre démarche a été placée sous le signe du service et de l’accompagnement. Le plus difficile a été de rester toujours aussi réactif malgré un afflux massif de demandes. La période de confinement a été très intense pour nos équipes, qui, ne l’oublions pas, étaient elles aussi perturbées par l’acclimatation au télétravail. Nous avons d’ailleurs en interne mis en place un accompagnement et de nombreuses formations pour aider les collaborateurs à s’approprier de nouvelles méthodes de travail.
Lalée Pinoncély : Les managers eux aussi ont été déstabilisés par ces nouveaux modes de travail. L’absence de contact humain bouleverse les équilibres, repose la question des objectifs, de la gestion du management en évitant d’ajouter de la pression dans des périodes difficiles.
Transformation digitale des PME : Dans quelle mesure diriez-vous que vos outils métiers digitaux ont contribué à jouer le rôle d’amortisseur de stress pendant la crise sanitaire ?
Lalée Pinoncély : Le digital ayant permis la continuité des process, il a forcément contribué à éponger le stress, à le diluer. La compta, les finances, l’édition des fiches de paie, chacun savait que l’essentiel serait maintenu. Le digital a contribué à sécuriser l’activité. Le fait que le centre névralgique de l’entreprise soit préservé, allégeait forcément la charge mentale des collaborateurs.
L.B. : Très vite, les équipes ont réalisé que sans le digital, rien n’était plus possible si le télétravail a d’abord été contraint. Je remarque aussi qu’à l’été, les collaborateurs n’aspiraient pas à un retour complet au bureau. C’est un indicateur assez éloquent de ce que le digital est amortisseur de stress. Dans le cas contraire, tout le monde aurait souhaité revenir en présentiel. Si le travail en équipe demeure une richesse, l’exercice à distance ne remet plus en question l’efficacité ou l’implication. Un tabou est tombé. Cela permet de repenser les équilibres de vie et donc de réduire le stress. C’est une avancée très positive car désormais, on vient au bureau pour de bonnes raisons, plus seulement par convention ou obligation.
S.D. : Réduire le stress a été notre priorité chez Sage. Le stress de nos équipes, mais aussi celui de nos partenaires et de nos clients. Nous avons par exemple mis en place des offres d’essai gratuites pour des solutions qui répondaient aux problématiques de l’instant : recouvrement de créances, gestion du cash, BI reporting, automatisation du traitement des factures ou de la dématérialisation des process RH. Nous n’avions jamais pris ce genre d’initiatives auparavant et elles ont eu un écho très positif auprès de notre écosystème. Cela a constitué une charge importante pour nos équipes qui ont affronté ce stress grâce à une cohésion admirable.
Transformation digitale des PME : Considérez-vous que la fracture numérique entre vie privée/vie pro, clients vs collaborateurs, soit en passe d’être réduite et dans le cas contraire que faudrait-il pour qu’elle le soit ?
L.B. : Il existe une vraie inégalité sociale par rapport au numérique au sein du domicile. Le tout numérique exige aussi que ce soit le numérique pour tout le monde. Aujourd’hui, nous sommes loin du compte. Il y a donc un challenge technologique à résoudre. Toutefois, le digital ouvre le champ des possibles pour les collaborateurs ; travailler différemment, avec un autre rythme plus en phase avec des impératifs personnels. Une plus grande porosité entre vie personnelle et professionnelle élargit les perspectives mais pose aussi question sur les limites à ne pas franchir.
L.P. : Laurent a raison et c’est le cas également pour les dirigeants de PME, présents sur tous les fronts, qui doivent concilier la gestion du quotidien et la vision pour l’avenir. La difficulté, c’est parfois l’absence de prise de recul. Avec le numérique et l’absence de frontières entre le pro et le perso, il faut s’imposer des limites à soi-même. L’exercice est loin d’être simple.
S.D. : Je rejoins tout à fait Lalée et j’ajouterai que l’année 2020 a également renversé les usages du numérique. Auparavant les outils numériques étaient plus présents dans la vie personnelle que professionnelle. Aujourd’hui ce n’est plus le cas. On passe nos journées sur des outils digitaux collaboratifs. Si bien que le soir, on aspire à se défaire des écrans.
Transformation digitale des PME : Votre vision du digital dans votre activité en 2021 ?
S.D. : Le levier de l’accélération numérique c’est le Cloud. Chez Sage, nous avons mesuré l’enjeu et nous mettons tout en œuvre pour accompagner ce virage technologique. Sage Business Cloud Paie est disponible en SAAS depuis octobre 2020. Nous enchaînons avec nos solutions Comptabilité puis Gestion Commerciale. Pour piloter cette évolution de nos offres, nous sommes très à l’écoute des remontées et retours d’expérience de nos clients. Ce sera le grand chantier de 2021.
L.P. : Avec Adopte, nous allons accompagner les PME dans la compréhension de la place que le digital pourra jouer dans l’ensemble des transformations qu’elles devront accomplir. Je crois qu’en 2021, le digital sera le moteur de nombreuses transformations sociétales, environnementales, humaines, ou encore économiques… La transformation sera globale et l’outil sera numérique.
L.P. : Nous allons encore accélérer notre mue digitale en gardant à l’esprit ce que nous avons appris en 2020 : il n’y a pas plus efficace qu’un outil ou une application et il n’y a pas plus intelligent que les hommes et les femmes. Nous ferons donc la chasse aux opérations manuelles pour inventer des postes qui créent de l’intelligence et de la valeur ajoutée. Digital, écologie, économie, les PME sont fragiles et elles ont besoin d’un accompagnement pour réussir l’ensemble de ces transformations.
Merci à notre partenaire Aptetude Co pour son accompagnement auprès de l’entreprise Saveurs et vie.