Qu’avons-nous appris de la crise ?
Les leçons des crises passées sont rarement retenues. Ainsi, les réactions individualistes des décideurs économiques et politiques en 2008 rappelaient douloureusement le scénario de 1929.
Même si les ressorts ne sont pas tous comparables, dans la crise qui nous touche depuis début 2020, le scénario est tout autre. La sidération fut courte et la réaction collective.
Je veux d’abord retenir de cette crise la démonstration grandeur nature de la supériorité des pratiques collectives, innovantes et ouvertes :
- Le collectif accélère la solution
- L’innovation est dopée par la contrainte
- L’ouverture accélère le changement
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Le collectif prend tout son sens
Jusqu’à la vaccination de Margaret Keenan le 8 décembre 2020 à Coventry, on pensait que la mise au point d’un vaccin demandait forcément 18 mois. L’extraordinaire mobilisation internationale des laboratoires, des institutions et des autorités de santé a rappelé avec éclat combien les limites sont faites pour être repoussées !
C’est le premier enseignement de la crise sanitaire : la prise en charge collective d’une difficulté systémique accélère l’avènement de la solution.
Ainsi, l’entreprise-écosystème aura été l’amortisseur des premières secousses et la clé du rebond. Les entreprises qui avaient su avant la crise constituer un ensemble intelligent avec leurs partenaires critiques n’ont pu que s’en féliciter. Les acteurs ont trouvé à l’intérieur de leur écosystème les ressources pour réduire les tensions de la chaîne d’approvisionnement et adapter collectivement la logistique aux enjeux de la résistance à l’épidémie.
Enfin, comment ne pas évoquer l’entreprise-communauté lorsque l’on salue les vertus du collectif ? Le travail à distance, qui s’est massivement imposé dans nos entreprises, est venu rappeler l’importance de la ritualisation des échanges. La culture d’entreprise s’est retrouvée l’objet de toutes les attentions quand les barrières sont devenues infranchissables.
Flamme entretenue par les DRH et les managers, terrain d’innovation inédit, le dialogue sans contact nous a rappelé au fond 3 choses simples :
- Nous avons besoin de partager autre chose que des indicateurs pour bien travailler ensemble
- Nous ne sommes pas tous égaux dans notre relation au travail et à la communauté et l’entreprise doit veiller à proposer des accompagnements différenciés
- À distance ou non, le travail est un pilier du vivre-ensemble et l’entreprise porte à cet égard une responsabilité forte pour maintenir la cohésion et l’envie.
L’innovation dopée par la contrainte
Cela a été souligné par tous les observateurs, la crise a fait gagner 5 ans de transformation digitale aux entreprises. Éric Hazan, Directeur associé senior de McKinsey & Company, indiquait dans un article récent¹ que « les entreprises ont numérisé leurs activités entre 20 et 25 fois plus rapidement que ce qui était prévu ».
Mais ce que je souhaite pour ma part retenir, c’est le contenu humain de cette transformation. Loin de se faire contre la relation humaine, la digitalisation a démontré sa puissance collective. On peut penser par exemple aux applications de réunions en ligne. Mais aussi à la migration Cloud des solutions de gestion, porteuse d’autonomie et d’enrichissement des tâches pour les collaborateurs.
L’humain et la relation seront au cœur de tout modèle économique et de création de valeur. Ou le vrai rendez-vous du rebond sera manqué.
Ce qui s’est passé au plus fort de la crise m’incite à un optimisme raisonnable. L’innovation a d’une part touché les secteurs regardés à tort comme traditionnels. Et cette innovation a le plus souvent été produite par les acteurs eux-mêmes. Ce digital de crise a ramené la valeur ajoutée au cœur des organisations. Bien sûr, je n’ignore pas le profit que les GAFA et autres BATX² ont pu tirer de la crise. Mais il ne faudrait pas que l’arbre cache la forêt.
La manière dont les restaurants ont su se transformer en traiteurs, dont les supermarchés ont su imaginer des services inédits, comme les paniers repas des soignants, est d’abord un hommage à la créativité humaine. Combien d’organisations ont su en quelques jours reconstituer une supply chain malmenée par les aléas de l’épidémie et les considérations géopolitiques ?
Nous sommes tous transformés, et je le crois, pour le meilleur.
En outre, l’innovation est aussi dans la manière dont nous allons désormais produire et délivrer les biens et les services.
Nous avons appris à nous faire davantage confiance, découvert à travers le travail à distance combien les salariés, les partenaires et les fournisseurs étaient à la hauteur. De nos ambitions comme de nos urgences. Par la seule capacité des femmes et des hommes à saisir l’essentiel, les organisations ont continué à fonctionner et ont réussi à se transformer. La solidarité et la loyauté constituent sans conteste un fondement puissant pour la poursuite des aventures entrepreneuriales. Et pour l’invention des nouvelles !
L’ouverture pour accélérer le changement
L’ouverture est le troisième grand modèle de succès. L’ouverture aux autres mais surtout l’ouverture à d’autres.
Ainsi, quand Marc Simoncini, serial entrepreneur à succès, imagine un vélo révolutionnaire avec le designer Ora-ïto, à qui fait-il appel pour en assurer la fabrication ? Au leader mondial du petit électroménager, le Groupe Seb !
Et qui se lance le premier en France dans le taxi volant ? La RATP ! Dont la Présidente, Catherine Guillouard, a présenté au salon Vivatech 2021 les grandes lignes de ce projet incroyable qui fait appel à une myriade de partenaires, réunis pour leur savoir-faire pointu dans chacun des domaines clés.
L’ouverture ne concerne pas que les entreprises. C’est un état d’esprit né de l’adversité et de la prise de conscience brutale et parfois dramatique d’un destin commun. Puisque nous sommes à égalité face à la maladie, voyons un peu s’il n’y aurait pas autre chose à partager. La crise du Covid a remis sur le devant de la scène ces valeurs d’empathie dont on parlait mais qui devaient parfois s’effacer devant la séduction de l’individualisme.
Avons-nous durablement changé ? L’avenir le dira. Mais ce dont je suis certain, c’est que notre mémoire collective s’enrichit de ce possible autrement. C’est un acquis, qu’il nous appartient, à nous tous, de faire fructifier.
En conclusion, Bien sûr, il ne faut pas se réjouir de la crise. Je n’oublie ni les 100 000 morts en France, ni les destructions de savoir-faire dans nombre d’entreprises.
Mais il me semblait important de discerner aussi des leçons de vie et d’action dans cet événement planétaire sidérant. Une des meilleures raisons de penser que cette crise nous a rendus collectivement plus forts est d’ailleurs que nous sommes nombreux à regarder l’avenir avec confiance. Selon BPI France³, « 57 % des dirigeants de PME se déclarent prêts à investir autant qu’avant le départ de la crise. Alors qu’après 2008, il avait fallu six à sept ans pour retrouver le niveau d’avant-crise. »
Sage se met en capacité d’aider ses clients à aborder la reprise avec le maximum d’atouts. Lisez aussi La Méthode Reboot : une solution pour remobiliser ses salariés.
¹Les Échos – mars 2021
²Baidu Alibaba Tencent et Xiaomi, équivalents chinois des GAFA
³Les Échos – juin 2021