Même si le FMI affiche désormais une tendance positive, l’optimisme économique de la majorité des dirigeants d’entreprises européens peut paraître déconnecté des pesanteurs conjoncturelles. En effet, comment expliquer sinon la dynamique d’investissement et d’embauches constatée en 2022, alors que l’inflation et les tensions diverses sur les ressources étaient surmédiatisées ?
Il est permis d’envisager aussi que les patrons donnent davantage de poids à des facteurs structurels. Trois paraissent plus particulièrement inspirer les dirigeants avec lesquels nous avons l’occasion d’échanger :
- La solidarité, publique mais aussi privée
- L’innovation, dopée à la contrainte
- La transformation digitale, parvenue à maturité
La solidarité, une valeur d’entreprise en hausse
Projetée sur le devant de la scène par la politique du ‘’quoi qu’il en coûte’’ de lutte contre les effets de la pandémie, la solidarité est peut-être une première explication de cette résilience assumée. Quand on interroge les patrons sur leur moral1, ils affichent 88 % de confiance dans leur entreprise, 79 % de confiance dans la fidélité de leurs clients mais, aussi, de façon peut-être plus inattendue, le même taux de confiance à l’égard du territoire qui les porte. Huit dirigeants sur dix comptent le soutien local comme un facteur de réussite. Alors que produire en France paraissait hors de propos pour beaucoup d’acteurs de la génération précédente.
La solidarité, ce n’est pas que le territoire. Les clients, et plus généralement l’écosystème au sein duquel évolue chaque entreprise, représentent aussi une valeur en hausse dans le patrimoine des entreprises. Peut-être parce que nous sommes tous à la fois clients et fournisseurs, nous sommes devenus plus à l’écoute des problématiques de hausse des prix nécessaires à nos partenaires. Par exemple, le patron de Norcan, un fabricant d’équipements industriels sur-mesure, racontait il y a peu que ses clients acceptent un système de fixation des prix révisable tous les trois mois, avec une clause de surcharge matière variable2.
L’innovation, inépuisable carburant de l’optimisme économique
L’innovation, la capacité à prendre des chemins de traverse, semble également un moteur inextinguible pour les patrons qui persistent à investir et à embaucher. Si le rythme de création d’entreprises constitue un repère intéressant pour mesurer l’inventivité des entrepreneurs, 2022 représente un cru exceptionnel. 1 072 000 entreprises ont été créées en France en 20223. Soit une hausse de 8,5 %.
Les vents contraires, ou en tout cas les défis d’aujourd’hui, justifient pleinement ce recours à l’innovation, pas de côté pour échapper aux contraintes et pour offrir de nouvelles perspectives à ses clients. C’est ainsi que MagREEsource a tout simplement décidé de relocaliser la production d’aimants en France, sur la base d’une série de brevets permettant de récupérer les terres rares dans d’anciens aimants. Souveraineté dans un domaine de haute technologie et recyclage de matières premières absentes des filières européennes. Recyclage encore avec Qarnot Computing, qui construit des centres de données connectés à des réseaux de chaleur ou à des piscines. 95 % de la chaleur produite est récupérée et revendue. Cela dispense en outre de climatiser les centres3.
Pour les entrepreneurs, la transition énergétique et l’inflation des coûts de l’énergie sont autant de problèmes à résoudre par le haut, c’est-à-dire à travers la création de valeur. L’innovation se conjugue d’ailleurs très bien avec la solidarité. Une enveloppe de 500 millions d’euros est par exemple disponible dans le plan France 2030 pour aider les chercheurs à lancer des jeunes pousses. Et 25 pôles universitaires d’innovation aident les chercheurs à mieux révéler le potentiel de leurs innovations, à gérer les enjeux de propriété intellectuelle et à faciliter les collaborations avec l’industrie. L’optimisme économique emprunte de nombreux chemins !
La transformation digitale, moteur de la marche en avant des entreprises
Un des clients de Sage, Guernet, spécialiste de l’air comprimé, confiait récemment commencer à équiper ses équipements fixes ou embarqués en capteurs IoT pour en optimiser la maintenance. Quand un autre, Unimeca, engagé dans le décolletage et l’emboutissage, indiquait sereinement pouvoir rivaliser avec ses concurrents extra-européens grâce à l’automatisation. De ses process industriels comme de ses flux de gestion. Demain, c’est sans doute sur le terrain du digital collectif que les entreprises pourront bénéficier de nouvelles marges de manœuvre. Déjà, Sage Digital Network, qui met en commun des données anonymisées entre l’ensemble des utilisateurs, les aide à améliorer leurs performances respectives grâce au benchmark.
En conclusion, l’optimisme économique est fondé sur de solides arguments. Pour autant, l’impavidité et la résilience sont manifestement plus accessibles aux dirigeants qui ont fait le choix du temps long et d’une forme d’indépendance dans la prise de décision.
1Cinquième sondage IFOP/Medef – Janvier 2023
2Les Échos – 04 janvier 2023
3INSEE – 20 janvier 2023
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