Quels outils digitaux pour la finance dynamique ?
Le concept de finance dynamique est proposé par Gautier Riche et Sébastien Cannizzo, Associés Conseil Finance et Performance au Cabinet Deloitte1. Ils entendent par ce terme de finance dynamique à la fois souligner le chemin parcouru, de fonction support à fonction d’avenir, et surtout inciter les DAF à poursuivre l’effort de transformation de leur fonction.
La finance dynamique propose une lecture qui subordonne la technique à l’humain, indispensable pour attirer les talents et pour accompagner le mouvement vers une entreprise plus citoyenne. Pour citer les auteurs, la finance dynamique marque le passage de la fonction à « l’agilité réelle, partie intégrante de l’ADN de l’organisation » :
- Une façon de remettre l’humain au centre de la fonction
- La volonté de mettre le chiffre en récit
- Le besoin de nouvelles marges de manœuvre digitales
Le DAF s’est imposé comme le promoteur déterminé de l’adaptation globale des organisations aux nouveaux défis. Il a su dépasser sa fonction et entraîner les autres métiers dans une réinvention du fonctionnement collectif.
La finance dynamique, une réponse forte pour réinventer la fonction
La finance dynamique est appelée à mettre du mouvement dans une fonction en quête de renouvellement. En effet, pour Gautier Riche et Sébastien Cannizzo, intervenant en direct du dernier rendez-vous Future Of Finance2, la domination du savoir-faire technique dans la fonction finance doit prendre fin pour lui redonner de l’attractivité. Ils associent à cette domination un profond déséquilibre des organisations, tiraillées entre une exécution robotisée et une inspiration réservée à quelques experts. Sans contester l’éventuelle efficacité de ce fonctionnement pour assurer le pilotage financier en horizon certain, ils mettent en cause sa vertu dès qu’il s’agit de développer une capacité d’entraînement pour accélérer la transformation de l’entreprise.
Dans l’esprit des deux consultants, la finance dynamique doit donc pousser la fonction à sortir de sa zone de confort, fondée sur l’expertise et la prudence, pour aller vers une plus grande prise de risque. C’est la seule manière selon eux, « à l’heure où les difficultés à recruter sont réelles, de montrer une image de la finance plus proche de la réalité. » C’est-à-dire capable de se confronter à l’exigence de transformation vers des écosystèmes en prise avec un monde sobre, circulaire et inclusif. Les maîtres-mots de la finance dynamique, c’est l’ouverture aux autres et la volonté de contribuer à l’essentiel. On déverrouille pour attirer, pour entraîner et in fine pour peser.
La finance dynamique, à rebours de sa dimension technocratique, procède de trois piliers d’égale valeur :
- Des fondations robustes
- Une main d’œuvre qualifiée et technophile
- Des processus agiles
Une autre façon d’envisager la contribution
Comprenons-nous bien, la finance dynamique n’est en rien une remise en cause de la centralité de la fonction finance. Bien au contraire ! Ce concept vient mettre en lumière le chemin suivi par quelques DAF avant-gardistes, avec l’ambition de convaincre le plus grand nombre. « Les crises successives ont largement démontré que la finance était bien au cœur du réacteur. Cette vision du CFO compilant des chiffres n’a aujourd’hui aucun sens. »
De fait, pour les deux auteurs, les chiffres doivent prendre une hauteur nouvelle. La capacité d’exploiter le potentiel de mise en mouvement des chiffres est un fondement de la finance dynamique. Le discours du CEO à ses équipes et à ses futures équipes doit clairement insister sur ce dépassement de fonction. Comme le suggère Gautier Riche, il doit oser s’exprimer ainsi : « J’attends de vous que vous fassiez du storytelling, c’est-à-dire que vous mettiez en récit les données financières, que vous les traduisiez en interne et en externe ».
La magie prêtée aux chiffres induit une évolution de la fonction finance, pour supprimer la césure induite par la domination technique. Place à la fluidité de la circulation des données, à l’acceptation d’une plus grande part d’incertitude au profit d’une alimentation régulière en indicateurs utiles à l’action. Il vaut mieux ne pas tout savoir aujourd’hui et partager en temps réel ce que l’on sait plutôt que maîtriser trop tard 100 % de l’information. « Les dirigeants, les COMEX ont besoin de données à la demande, disponibles tout le temps, et non plus de reporting trimestriels à date fixe. »
Un digital utile et souple, incontournable de la finance dynamique
Pour permettre l’accomplissement de la finance dynamique, l’environnement digital de la fonction finance doit se mettre au diapason de son exigence. En clair, favoriser l’échange, la circulation de l’information, la lisibilité immédiate des indicateurs. Mais aussi adopter une démarche de plateformisation, pour répondre aux attentes des utilisateurs, désireux de disposer d’une marge de manœuvre maximale dans la constitution de leur espace de travail. « Privilégier l’ouverture et le standard, ne pas se laisser enfermer par une technologie, fuir l’irréversibilité ».
Si l’on devait rédiger le cahier des charges de l’environnement digital le plus propice au développement de la finance dynamique, il faudrait l’articuler en quatre priorités :
- Offrir à des équipes multi-compétentes un système d’information cohérent et unifié de bout en bout ; une chaîne de valeur financière qui aille de l’ERP à la gestion de trésorerie, incluant par exemple la gestion du crédit client et la relation bancaire.
- Accueillir sur une plateforme socle des applications interopérables, susceptibles d’accompagner en souplesse les transformations successives.
- Favoriser une culture de coopération et d’ouverture au changement, notamment en simplifiant la prise en main des différents outils et l’efficacité en standard.
- Servir l’intuition et la prise de décision, par exemple en intégrant une BI concrétisant l’effort de valorisation de la donnée.
En conclusion, la finance dynamique donne à la fois un supplément d’âme et une ambition nouvelle à la fonction finance. C’est la condition pour attirer et retenir les talents dont elle a besoin. Or, pour créer l’élan nécessaire à la transformation de l’entreprise, la finance dynamique doit pouvoir s’appuyer sur un système d’information conçu selon la même exigence d’ouverture et de simplicité. Un SI unifié de bout en bout, assis sur une plateforme solide ouverte aux technologies les plus avancées, est nécessaire pour donner à la fonction finance les marges de manœuvre pour aller de l’avant.
D’autres articles de Sage Advice sont à lire pour prendre la mesure du rôle de premier plan endossé par le DAF dans la transformation des entreprises :
- Le DAF, gardien de la performance globale
- Fonction finance : un avenir au-delà des chiffres
- Le Directeur Financier, leader de la transformation digitale de l’entreprise
- Accompagner la transformation du DAF en Chief Impact Officer
1De machine first à human first : engageons-nous dans la finance dynamique ! – Challenge.fr – 13 octobre 2022
2FOF – 18 octobre 2022 – Carrousel du Louvre
Article initialement publié le 03/01/2023. Dernière mise à jour le 19/03/2023.