En 2021, que veulent les trésoriers d’entreprise ?
Les trésoriers d’entreprise sont contraints au grand écart entre la mobilisation du cash pour faire face aux urgences d’aujourd’hui et l’anticipation des ressources nécessaires pour saisir les opportunités de marché dès qu’elles se représenteront.
Quelles sont leurs priorités opérationnelles ? Comment organisent-ils leur travail, pour concilier la gestion du court terme et la vision à long terme ? Comment sont-ils équipés ? Qu’attendent-ils de la transformation digitale ?
Autant de questions qui trouvent leurs réponses dans le 2ème baromètre de la trésorerie d’entreprise1, construit à partir du vécu de 147 trésoriers d’entreprises de taille intermédiaire. Trois thématiques se dégagent de ce retour d’expérience de terrain, recueilli en octobre 2020 :
Les trésoriers d’entreprise face à l’urgence
La crise sanitaire a demandé aux trésoriers d’entreprise une bonne dose de réactivité, de trois points de vue :
- Organiser leur poste de travail et assurer leur mission en mode télétravail, à la fois général (toutes les fonctions hors production, maintenance et logistique) et continu
- Maximiser la disponibilité de cash dans un contexte de redéfinition de la supply chain, où il a fallu parfois très vite suppléer à des approvisionnements défaillants comme redéfinir des approches commerciales et de services inédites
- Sécuriser les ressources financières à long terme, dans un environnement caractérisé par l’incertitude
Pour mettre en place les procédures qui s’imposaient et partager de nouvelles pratiques adaptées à la situation avec les autres fonctions, les trésoriers d’entreprise ont dû surmonter un grand nombre de difficultés. Pour la plupart déjà handicapantes au sein d’une organisation devant fonctionner dans un climat serein, ces insuffisances, au nombre de six, ont clairement freiné la capacité d’action des trésoriers dans un environnement plus chahuté.
La part encore faible de la dématérialisation des documents de travail est déplorée par 45 % des répondants au baromètre ; il est vrai que partager et/ou valider des documents papier est faiblement compatible avec le travail à distance. Les trésoriers d’entreprise se sont alors trouvé face au dilemme de devoir choisir entre le ralentissement des opérations et la dégradation de la sécurité de celles-ci.
La difficulté de conduire des réunions à distance est le deuxième frein relevé par les trésoriers, pour 37 % des répondants. Au-delà de la lassitude ressentie par nombre d’entre nous par rapport à l’accumulation de visio-conférences, ce point est d’autant plus problématique que la collaboration avec les métiers est un impératif lorsque l’on doit maximiser la disponibilité de cash et tenter d’y voir clair à l’horizon de plus de 3 semaines.
L’accroissement du risque est mis en avant par un gros tiers (34 %) des trésoriers. Comment leur donner tort de redouter davantage d’erreurs, de fraudes ou de malveillances, lorsque l’on sait par exemple que la France est le cinquième pays au monde visé par des attaques informatiques, les menaces via email ayant augmenté de 44 %².
Le quatrième regret des trésoriers d’entreprise, en tout cas pour un peu plus d’1 sur 5 (22,5 %), c’est l’inadaptation des procédures de télétravail. Il est permis de penser que ce handicap est directement induit par les points 1 et 2, l’omniprésence du papier et la difficulté à se coordonner à distance rendant en effet l’exercice du télétravail plutôt difficile. Il est aisé de deviner que la conservation des procédures classiques sans tenir compte de ces écueils peut être une vraie difficulté, qui semble heureusement épargner plus de 7 trésoriers sur 10.
Les deux derniers freins remontés par le 2ème baromètre de la trésorerie d’entreprise décrivent une transformation digitale inachevée : 20,6 % des trésoriers déplorent que la signature électronique ne soit pas encore opérationnelle et ils sont 12,7 % à trouver difficile la gestion à distance de leur logiciel de trésorerie.
Globalement, on voit bien que ces handicaps sont cumulatifs et soulignent tous un besoin d’adaptation des outils du trésorier à la nouvelle donne de la gestion de trésorerie :
- Intensification du partage et de la circulation des informations
- Rapidité et collégialité de la prise de décision
- Solidarité dans la mise en œuvre des décisions prises
- Accès aux données et aux moyens de traitement indépendamment de sa localisation
- Sécurité des échanges et des transactions
- Authentification forte des acteurs
Le besoin de prévision
Les trésoriers d’entreprise ont mis en place les mesures qui s’imposaient pour sécuriser la trésorerie :
- Reports d’échéances de trésorerie : 58 %
- Aides gouvernementales d’urgence : 43 %
- Prêts bancaires à court terme : 32 %
- Renégociation de certains délais de paiement : 28 %
- Découverts bancaires : 21 %
- Annulation de dividendes : 17 %
- Recapitalisation ou apport de cash par les actionnaires : 8 %
L’enquête mensuelle AFTE/Rexecode de janvier 2021 indique que ces mesures, couplées à une conjoncture moins dégradée qu’anticipé pour de nombreux secteurs économiques, ont porté leurs fruits. En effet, l’enquête indique sans ambiguïté que « la situation des trésoreries d’exploitation est jugée aisée par une majorité croissante de trésoriers et la trésorerie globale des entreprises s’améliore ».
La phase d’urgence mise sous contrôle, les trésoriers d’entreprise ont pu mobiliser leur énergie pour tracer une perspective à l’usage de leur Direction Générale. Et le moins que l’on puisse dire est que la transformation digitale n’est pas plus avancée dans la prévision de trésorerie que dans la circulation de l’information !
En effet, parmi ceux ayant contribué au 2ème baromètre de la trésorerie d’entreprise, la moitié exactement des trésoriers d’entreprise indique procéder par saisie manuelle des données dans le tableau de trésorerie prévisionnelle. 50 % des trésoriers d’entreprise reconnaissent être mal outillés, ne pouvant éviter une saisie manuelle source de perte de temps et de risque d’erreurs.
La deuxième information forte du baromètre est la proportion de trésoriers qui fonctionnent par imports Excel®. Ils sont 43 % à passer du temps automatisable à transférer des données d’un fichier à un autre, avec le risque sécuritaire qu’ils ont eux-mêmes clairement pointé.
Le système d’information de l’entreprise n’est que la troisième source des données intégrées à la prévision de trésorerie, avec des données issues essentiellement de l’ERP (42 %) et dans une moindre mesure de la gestion commerciale (13 %).
Les trésoriers d’entreprise et la gestion budgétaire
Le 2ème baromètre de la trésorerie d’entreprise a sondé les trésoriers à propos des outils utilisés pour gérer le budget de trésorerie.
Un peu plus de 3 trésoriers sur 10 (31,4 %) utilisent un logiciel spécialisé en suivi budgétaire à titre principal. C’est davantage que les pratiques en mode manuel (12 %) mais infiniment moins que les ¾ des trésoriers qui recourent à Excel® pour tout ou partie de leur gestion budgétaire.
Clairement, alors que les trésoriers ont plus que jamais besoin de réactivité, de précision dans la prévision et de connexion avec les autres fonctions de l’entreprise, l’usage très majoritaire d’Excel pour la gestion du budget n’est pas une bonne nouvelle. Cela signifie que les trésoriers d’entreprise ne bénéficient pas pleinement de la transformation digitale, au moment où les enjeux de mobilisation du cash pour aujourd’hui et pour demain sont tellement élevés !
Autre information qui va dans le même sens, les trésoriers d’entreprise ne sont que 30 % à utiliser leur logiciel de trésorerie pour la prévision et le reporting, alors qu’ils sont par exemple 63 % à l’utiliser pour les paiements.
Il n’est donc pas tellement surprenant que les deux principales difficultés soulevées par les répondants au 2ème baromètre de la trésorerie d’entreprise soient l’utilisation excessive des feuilles de calcul (40 %) et le temps passé à la saisie et à la vérification manuelles (29 %).
En conclusion, les trésoriers d’entreprise sont conscients de ne pas bénéficier à plein du potentiel de la digitalisation. Les éditeurs de solutions avancées ont manifestement encore des efforts à faire pour promouvoir le principe de la chaîne de valeur de paiement unifiée, exploitée dans le Cloud.
Interopérant avec les autres outils de gestion, la chaîne de valeur de paiement unifiée connecte automatiquement les données de l’entreprise intéressant la trésorerie, des achats aux ventes. Grâce à l’automatisation d’un grand nombre d’opérations, la suppression de la saisie manuelle et la collaboration avec les autres fonctions, le trésorier d’entreprise peut exercer sa mission avec les moyens d’aujourd’hui, au bénéfice de l’image de sa fonction mais surtout de l’efficacité de l’entreprise.
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¹Observatoire de la Gestion de Trésorerie/Sage/Adelanto – octobre 2020
²Enquête Trend Micro – octobre 2020