Comment mesurer la durabilité d’une entreprise ?
S’il est relativement aisé de mesurer la performance d’une entreprise à l’instant T, il est autrement plus délicat d’évaluer ses chances d’être encore là demain. Pour cela, d’autres indicateurs doivent être identifiés. L’Académie des Sciences et Techniques Comptables et Financières, en partenariat avec Sage, s’est attelée à la tâche. Le 20 mars dernier, le résultat de sa recherche a été présenté au Medef, en présence de Geoffroy Roux de Bézieux (vice-président délégué du Medef), William Nahum, président fondateur de l’Académie des sciences et techniques comptables et financières, Serge Yablonsky et Jean-Louis Leignel, co-pilotes du groupe de travail qui ont conduit l’étude, et de quatre autres intervenants ayant travaillé sur le projet(1).
Professions du chiffre, professions du sens
«Plus de la moitié des entreprises qui figuraient dans le classement Fortune 500 de l’an 2000 n’y sont plus aujourd’hui ; soit parce qu’elles ont fait faillite, soit parce qu’elles ont été rachetées.»
C’est ainsi que Serge Yablonsky, expert-comptable et commissaire aux comptes, associé du cabinet Syc Consultants, plante le décor. Comment prédire la performance durable d’une entreprise ? Comment savoir qui, parmi les champions du jour, présente les caractéristiques d’une réussite durable?
L’Académie des Sciences et Techniques Comptables et Financières réunit depuis 2004 un réseau de professionnels de la comptabilité, de la finance, de l’audit et de la gestion. Elle enjambe les frontières entre les métiers dits «du chiffre» dans l’entreprise pour mieux penser la réalité derrière les données. Serge Yablonsky, Jean-Louis Leignel et leur groupe de travail s’intéressent à la gouvernance d’entreprise, thème sur lequel ils ont déjà élaboré 3 guides. Celui qui était présenté le 20 mars était donc le 4e, sous le titre « Performance durable de l’entreprise; quels indicateurs pour une évaluation globale?»
Des indicateurs thématiques de maturité
L’étude part d’un constat: les indicateurs comptables et financiers restent des outils essentiels, qu’il faut continuer à développer et affiner ; mais ils ne suffisent plus. Pour mesurer le potentiel d’une entreprise, il faut s’intéresser à sa stratégie, à sa politique RSE, à sa capacité à faire évoluer son offre, et bien sûr à sa capacité à produire efficacement. Le groupe de travail, qui réunissait des expertises multiples en stratégie, en systèmes informatiques, en RSE, en processus, ou encore en comptabilité, a identifié 5 domaines complémentaires qui sous-tendent la performance à long terme:
- la transformation numérique, utilisée comme un levier de croissance et un gage de pérennité
- la culture d’entreprise et son degré d’ouverture au changement et à l’innovation
- l’éthique, qui recouvre la conformité aux lois, aux normes, et aussi aux bonnes pratiques
- l’image de marque et sa valorisation
- le « lean management », inventé par Toyota dans les années 1980, et qui se traduirait en français par «l’excellence opérationnelle».
Un «outil opérationnel de mesure de la performance»
Comment mesurer ces différentes dimensions ? En identifiant « des critères pour mesurer la maturité de l’entreprise par rapport aux bonnes pratiques», à l’aide de diagnostics dans chacun de ces domaines. L’ensemble est synthétisé dans une matrice reproduite au début du Cahier de l’Académie. Celle-ci ne constitue pas une grille exhaustive à remplir en entier: chaque entreprise a sa problématique, comme l’ont illustré les débats entre les intervenants du 20 mars.
Ainsi, Christophe Ferrari, directeur de la recherche chez Trusteam, s’intéresse à la culture du client. Son métier consiste à investir dans les entreprises qui misent sur l’Expérience Client car plus performantes, chiffres en main. Certaines entreprises vont même au-delà du client: Philippe Berna, délégué du médiateur des entreprises en charge de la mission innovation, promeut ainsi la notion d’écosystème. Des entreprises comme Deezer ou Spotify satisfont une population bien plus large que celle de leurs clients, et leur performance en dépend.
Olivier Piquet, directeur général de Lise Charmel, a rappelé de son côté l’importance de la marque, et le peu de cas qu’en font encore aujourd’hui comptables et financiers dans l’évaluation d’une entreprise, tout particulièrement dans le cas des ETI. Bruno Vercken, responsable du bien-être au travail chez Danone, a apporté en vidéo un petit contrepoint, soulignant combien il pouvait être ardu de définir un indicateur, même simple, pour un groupe multinational, tant les cultures sont différentes et déterminantes.
Chacun à sa façon a donc souligné l’importance et la difficulté du travail effectué par l’Académie : mesurer la durabilité de la performance afin de mieux gouverner l’entreprise. Autant de manières de suivre le guide!
(1)Quatre intervenants : Sophie de Pomyers – Emmanuel Ménager – Juconde Penoukou – Faten Saidi
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